Étretat. Benoît Duteurtre: petits riens extraordinaires – Le Courrier Cauchois du 27 mars 2021

Étretat. Benoît Duteurtre: petits riens extraordinaires

Livre. L’écrivain, très lié à la station cauchoise, poursuit sa série autobiographique en mêlant enfance, vie adulte et rencontres. Vivifiant.

Benoît Duteurtre, au mois d’août, à Étretat. La station cauchoise est l’un des endroits où il écrit. L’autre se situe dans les Vosges. Les deux destinations ont marqué son enfance

Ce livre a-t-il été écrit à Étretat ? Même l’auteur ne peut le certifier. Toutefois, il est fort probable que ce projet ait progressé alors que Benoît Duteurtre avait les yeux face à la mer et les falaises. Si son regard était fixé vers l’horizon, c’est le passé que l’écrivain originaire du Havre continue d’explorer. Le sien. Dans Les pieds dans l’eau, l’arrière-petit-fils de René Coty avait raconté sa jeunesse au milieu de la famille présidentielle. Dans Livre pour adultes, il évoquait sa mère. Dans l’Été 76, il faisait la chronique de son adolescence et de sa vie étudiante.

« Le bilan d’un homme qui vient
de passer les 60 ans »

Dans la première partie de son nouvel ouvrage au titre évocateur, Ma vie extraordinaire, il revient sur ses vacances dans Les Vosges. « J’avais envie de faire un récit sur cette période importante de mon enfance. J’y ai découvert la montagne. Je parle aussi de mon oncle et de ma tante, un vieux couple de résistants dont les histoires me fascinaient ».

Quand il a entamé ce travail, le Normand s’est rendu compte qu’il avait également envie de mettre en scène sa « vie d’adulte », celle qu’il a vécue entre 20 ans et 60 ans. Il y consacre la deuxième partie de son ouvrage. Enfin il termine son propos sur la vieillesse, celle d’une tante vosgienne désormais au Havre, à l’aube de ses 100 ans. « Ce livre, c’est un peu le bilan d’un homme qui vient de passer les 60 ans. Je prends le temps de m’arrêter et de me pencher les années qui se sont écoulées ». Il poursuit : « J’ai eu la chance, enfant, de connaître l’enchantement lors de mes vacances dans les Vosges. Et cet enchantement me porte toujours dans ma vie, aujourd’hui. J’ai conservé cette capacité à trouver de la beauté, un peu de bonheur dans les expériences que je traverse ».

Cet enchantement, il est aussi inspiré par New York, une ville qui a beaucoup marqué Benoît Duteurtre. Il rime aussi avec des rencontres d’artistes, parfois oubliés du grand public. Il s’est aussi exprimé dans l’action, dans le métier de journaliste et parfois de polémiste. A travers ses mots et ses pages, l’écrivain rend « extraordinaires » des épisodes de son quotidien. Il parvient même à enchanter son « obsession de chercher continuellement » ses clés et ses lunettes. « C’est drôle et involontairement théâtral », sourit-il. « Toutes mes épreuves, les petites comme les grandes, peuvent être transformées en comique ».

Le car d’Étretat au Havre

Ce regard ironique, sur lui-même, sur les autres et la société n’est « pas grinçant » mais « plutôt joyeux ». La part autobiographique est prépondérante. C’est assumé : « Quand je parle de moi, je m’intéresse aussi au monde qui m’entoure ». C’est particulièrement visible dans le chapitre consacré à sa carrière littéraire. Il aborde avec « distance et dérision » la postérité liée à ses écrits. A quoi est-elle vraiment due ? « J’espère un peu à mon œuvre d’écrivain et pas seulement à ma personnalité ». En tout cas, il met « tout sur la table » pour analyser son métier et  les retombées de ce dernier.

Le pays de Caux trouve sa place dans Ma vie extraordinaire« Il jalonne les visites que je rends à ma tante centenaire. Comme je n’ai pas le permis de conduire, je pars d’Étretat en car. Parfois, le voyage dure jusqu’à une heure et demie avec tous les arrêts. Au mois d’août, je suis presque seul dans le véhicule », indique-t-il. Il ne lasse pas de la vue sur la côte havraise, « ce moment merveilleux quand le car débouche à Sainte-Adresse. C’est toujours saisissant ». L’autre enchantement pour le regard, c’est le panorama depuis l’appartement de son aïeule dans les Résidence de France au Havre. Une plongée sur la mer et l’horizon.

 

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