« La nostalgie des buffets de gare » de Benoît Duteurtre : « moqueur, mélancolique et critique » – Laissez-vous tenter – Yves Calvi – RTL


Benoît Duteurtre est un de nos excellents romanciers. Il s’amuse et nous amuse dans ses livres en pourfendant les excès et les absurdités de ce qu’on appelle le progrès. Le train, dont il est un usager régulier, est sa cible favorite. Alors pour une fois, Benoît Duteurtre ne signe pas un roman. « C’est vraiment le livre d’un utilisateur du rail, c’est la traduction d’une expérience concrète et de la façon dont parfois j’ai l’impression que la SNCF s’évertue à me gâcher les voyages et à me donner presque envie de rester chez moi », a expliqué l’écrivain à RTL.

Alors, pourquoi Benoît Duteurtre a-t-il parfois envie de rester chez lui plutôt que de prendre le train ? Parce que le moyen de transport pratique et bon marché qu’était la SNCF est devenue une entreprise commerciale où le client, on ne dit plus l’usager, devient l’otage d’une logique libérale. L’écrivain passe en revue tous les maux, m, a, u, x de la SNCF : la fin du prix unique du kilomètre, l’usine à gaz des tarifs et des réservations obligatoires, les trains déclassés, le réseau des lignes secondaires négligé au profit du tout TGV, ah, le TGV ! Benoît Duteurtre n’est pas passéiste, il apprécie de faire Paris-Marseille en 3h mais les absurdités de la rentabilité à outrance lui gâche le voyage. Avec humour, il raconte, par exemple, ce moment où les clients confortablement installés en première classe, poussés par une petite faim, se retrouvent dans une file d’attente comme en Pologne. « Tout d’un coup, ces hommes et femmes d’affaire se retrouvent en rang d’oignons, dans un couloir sinistre à attendre leur tour, pendant qu’un pauvre type est là à faire passer les cartes de crédit et les plats réchauffés, » s’amuse Benoît Duteurtre.

La disparition des voitures- restaurants mais aussi celle des wagons-lits, des consignes, de la salle des pas perdus, de l’accès libre aux quais. Benoît Duteurtre regrette tout ce qui faisait du voyage en train une parenthèse de liberté, d’imprévu et de poésie. Les gares, ces lieux emblématiques du service public, deviennent des vitrines de la mondialisation. « J’ai toujours aimé les grandes gares qui sont des lieux très vastes où on pouvait flâner et se donner des rendez-vous » a confié l’écrivain à RTL. « Et tout d’un coup a commencé la réformes des gares avec par exemple la gare Saint-Lazare… Maintenant on a un centre commercial avec l’alignement de toutes les marques mondiales mais il n’y a plus de petit bistrot. C’est déprimant. »

 

Bernard Lehut et La rédaction numérique de RTL

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