Benoît Duteurtre, Étonnez-moi Benoît, Pierre Vavasseur, Le Parisien,12 novembre 2016

L’opérette lui dit merci

Benoît Duteurtre est mordu d’opérette depuis l’adolescence, lorsqu’il a découvert des disques chez ses grands-parents. Une passion qui le dévore toujours.

LP/OLIVIER CORSAN

France Musique. Depuis dix-huit ans, chaque samedi matin, Benoît Duteurtre ressuscite un genre qui n’avait plus la cote.

Sa voix porte sans effort. Benoît Duteurtre, 57 ans, né près du Havre où son père travaillait à l’administration du port, aurait fait un fameux ténor. Comme ces stars de l’opérette dont il réveille le souvenir chaque samedi sur France Musique* dans « Étonnez-moi Benoît ». Pour nous étonner, l’arrière-petit-fils du président René Coty, également écrivain**, nous étonne. Notez que cette filiation a été déterminante le jour où, dans une solide armoire qui appartenait à ses grands-parents, il a découvert une ribambelle de disques envoyés à son aïeul. « Le temps de son mandat (NDLR : 1954-1959), il recevait tout ce qui se produisait en France, et donc toutes les opérettes, d’André Messager à Offenbach. »

Une irrésistible passion

À l’époque, l’ado, fan de Fernandel ou Bourvil, naviguait dans une culture dorée sur tranche. « On écoutait du Beethoven, on lisait du Blaise Pascal. » Cette manne fut une aubaine. « Elle allait tellement à l’encontre du bon goût propre au milieu dans lequel je vivais ! » Feu aux poudres et début d’une irrésistible passion pour ces petits soldats jetés dans la fosse commune du mépris : les Mady Mesplé, les Suzy Delair, les Pauline Carton, les Lucienne Boyer, les Jacques Pills… Tous ringardisés dans les années 1970 pour avoir chanté « l’époux de la reine, pou de la reine, pou de la reine ». Plus personne pour les défendre… sauf un : lui. Benoît a pris par le bras cette « musique légère » qui avait été, rappelle-t-il, « tellement brillante ». « On ne se rend pas compte de son impact dans l’histoire du théâtre et de la musique ! »

À la radio, incomparable mine d’archives, un premier galop s’est appelé « Beaux Dimanches ». Faux départ. Rebelote en 1999 avec son émission actuelle. Il la doit à Pierre Bouteiller. « Ça faisait un peu ricaner, mais comme c’était fait par quelqu’un de jeune, ça passait. » Au début, les témoins directs étaient encore vivants. Aujourd’hui, c’est vers les enfants et les petits-enfants des artistes qu’il se tourne tandis que le soleil revient. « Aujourd’hui, les branchés adorent tous l’opérette. » Reste que la bataille s’annonce longue. Mais Benoît se bat. Comptez sur lui pour pousser sans relâche l’escarpolette.

Pierre Vavasseur

 

* De 11 heures à 12 h 30.

** Il vient de publier « Livre pour adultes » (Gallimard).

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