Patrick Thévenin, Têtu, 1999

Benoît Duteurtre par Bettina RheimsMéchant malgré lui ?

Pour céder à la facilité, et par pure fainéantise, on dira que Les Malentendus, le dernier Duteurtre, provoque un certain malentendu. Rien qui ne puisse étonner l’auteur, habitué à déclencher les tempêtes : dans le milieu artistique, avec Requiem pour une avant-garde, où ses positions anti-Boulez lui valurent le très mesuré qualificatif de  » révisionniste », puis dans la communauté gay propre sur elle avec Gaieté parisienne qui égratignait le conformisme arc-en-ciel. Avec Les Malentendus, c’est la gauche bien-pensante qui en prend pour son grade, le tout avec cocasserie, légèreté et sens du rebondissement. Pour autant et à moins de tomber naïvement dans le panneau, Duteurtre n’est pas un réac, ce qui aurait certainement arrangé ses détracteurs. Il préfère se définir comme un  » libertaire  » pour la liberté d’expression, sexuelle, pour la légalisation de la drogue, contre la religion, la famille. Dans Les Malentendus, des personnages se retrouvent confrontés à leurs contradictions et leurs certitudes. C’est une fable, une satire, mais déclamée plus avec drôlerie qu’avec consternation. Et, ce qui agace chez ce garçon plutôt gentil comme tous les soi-disant méchants, c’est sa manière de se rendre insaisissable. Les pédés voient en lui l’amant idéal, mais il les griffe plus que de raison, la droite l’aimerait en gendre branché mais il parle trop de drogue et de cul, la gauche moderne voit en lui le cousin cynique qui lui manquait, mais il la critique ouvertement et lui met les yeux en face des trous. Duteurtre est un garçon moderne.

Patrick Thévenin

 

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