Littérature. Benoît Duteurtre: « Le mois d’août, c’est Étretat »
Livre. Écrivain et journaliste, Benoît Duteurtre vient tous les ans au mois d’août dans la station cauchoise. Rencontre.
Son ordinateur est posé face à la mer. De son bureau improvisé, Benoît Duteurtre aperçoit l’horizon aux mille nuances de bleu, de gris ou de vert. Position de choix pour profiter d’Étretat, de ses falaises et de sa plage. Tous les ans au mois d’août, il s’installe dans la station cauchoise. Il en parle dans son roman Les Pieds dans l’eau, cette habitude remonte à l’enfance. Ses cousins logeaient dans la maison de son arrière-grand-père, l’ancien président de la République René Coty. Mais sa passion pour la cité maritime s’est révélée à la sortie de l’adolescence. L’entrée dans l’âge adulte l’a conduit à Rouen puis à Paris et, comme un mouvement de balancier, cet éloignement n’a fait que renforcer son attachement. Ce qui était banal pour un enfant du Havre est devenu extraordinaire pour un Normand exilé. « Depuis 40 ans, le mois d’août, pour moi c’est Étretat. Ses couleurs exceptionnelles, sa société bourgeoise et ses habitudes qui n’ont pas varié tant que ça depuis un siècle », confirme-t-il dans un sourire. Le gamin havrais qui n’aimait pas l’eau se baigne désormais deux fois par jour, dans les ondes vivifiantes de la Manche. De son balcon, il scrute les familles locales, les Parisiens qui occupent les villas et les touristes de passage. « Cette année, ces derniers sont plus nombreux. Ceux qui ne sont pas partis à l’étranger découvrent cet endroit magnifique si près de l’Île-de-France », glisse-t-il. Et s’il vient l’été, c’est qu’il a gardé de sa jeunesse porte océane « une allergie au vent ».
« Je crois aux rituels »
Le « climat propice au travail » a séduit les romanciers « Maurice Leblanc, Guy de Maupassant », les peintres « Claude Monet », ou les compositeurs « Offenbach, Honegger ». Benoît Duteurtre commence ses romans à Étretat. « Quand on est écrivain, on a besoin de rythme, d’être dans un bon état physique pour attaquer une œuvre. Mes deux bains de mer quotidiens me tonifient. A Paris, je retrouve mes obligations professionnelles quotidiennes, je ralentis le rythme de l’écriture et je remets en chantier le premier jet quand je suis dans les Vosges, l’hiver ». L’écrivain a ses habituels et n’y déroge guère. « Je crois aux rituels. J’ai besoin d’établir ce calendrier. Et la vie à Étretat est très ritualisée : à la plage, dans les cocktails, dans les villas ».
Son hommage à la station, l’auteur le rend dans l’ouvrage, Étretat d’abord la mer et puis on verra paru cette année aux bien nommées Editions des Falaises (voir encadré). Il met des mots sur les clichés de Guillaume de Laubier. « C’est un excellent photographe. Je suis très admiratif de son travail. L’ouvrage est d’abord un livre de photos auquel j’apporte ma contribution », insiste-t-il.